Eugene Carrière, Madame et Mademoiselle Carrière.


Eugene Carrière (1849-1906). Madame et Mademoiselle Carrière. Huile sur toile, 38 x 33 cm. Collection particulière

Le prestige d’Eugène Carrière était immense. Rarement peintre fut autant vénéré par les écrivains et les critiques de son temps.
Grâce à leur seul soutien, il avait fini par trouver une clientèle après une décennie difficile.
Dans les années 1890, le Salon de la Nationale lui apporta la gloire.
On acclamait ses Maternités inégalées et les poignants portraits qu’il réalisait de ses camarades – comme son extraordinaire Portrait de Verlaine achevé en trois heures de pose pendant lesquelles, par taquinerie, le poète n’avait cessé de raconter des obscénités.
Carrière était le peintre de l’amitié, des scènes de famille, des enfants malades… autant de pages d’une exquise tendresse qui firent de lui la figure la plus émouvante de l’intimisme.
À l’image de ses œuvres, l’homme n’était que douceur et fraternité.
Très tôt, il avait abandonné la couleur au profit d’un clair-obscur en camaïeux de bruns de la plus fine matière, parfois rehaussé d’une légère touche de rose.
Carrière intégra la Société nouvelle en 1906. Cette année-là, une grave crise au sein du groupe aboutit au limogeage de son président Gabriel Mourey, et à son remplacement par Auguste Rodin.
Par malheur, en cours d’exposition, Eugène Carrière vint à mourir d’un cancer de la gorge. Ses camarades le nommèrent membre honoraire à titre posthume.
Rodin évoquait ainsi son travail : « Dans les expositions, la plupart des tableaux ne sont que de la peinture : les siens semblaient, au milieu des autres, des fenêtres ouvertes sur la vie. »